1934
Coiffé
d'un grand sac de jute au fond plié en capuchon,
le
bas protégeant les épaules et le dos, le charbonnier traîne son carretou
aux
deux grandes roues cerclées de fer.
L'attelage
tangue sur les pavés ronds de Toulouse.
De
loin en loin, il abandonne la courroie qui lui barre la poitrine et
l'aide à tirer,
s'arrête,
appuie la béquille arrière entre deux creux du pavage
pour
en assurer la stabilité.
Le
dos appuyé à la carriole, il saisit son sac de charbon
par
les deux grosses poignées de corde
qui
lui permettent de tenir sa charge de cinquante kilos sur ses épaules.
Il
va la livrer au troisième ou quatrième étage sans perdre un
boulet.
Chaussé
d'espadrilles à la catalane,
le
bas de son pantalon serré pour ne pas s'entraver,
il
porte autour du cou un grand mouchoir à carreaux
pour
se protéger de la poussière. Au fur et à mesure de ses livraisons,
il
sera de plus en plus noir, ses yeux formant deux taches claires dans son
visage.
En
fin de journée s'il remonte ses manches ou entr'ouvre son col de
chemise,
sa
peau paraît très blanche. Parfois, un tatouage apparaît
bleu
céleste, sur cette peau qui semble laiteuse
malgré la brousse de ses poils
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